Mini sommet de la CEDEAO à Accra : Gbagbo défie six chefs d'Etat !

Le Patriote (Abidjan)
ACTUALITÉS
12 Novembre 2003
Publié sur le web le 12 Novembre 2003

By Charles Sanga, Envoyé Spécial à Accra

Centre de conférence «Homowo du Royal Palm Beach Hotel». Il est presque 18h00, hier mardi 11 novembre, quand le Chef de l'Etat nigérian, Olusegun Obasanjo sort du salon «Damba II».

Sa mine est froissée. Il a, à ses côtés, le Pr. Albert Tévoédjré qui est aussi sorti avec lui de la salle. Obasanjo lance : «We are not stupid» (Nous ne sommes pas stupides). La colère se lit sur le visage de l'homme d'Etat. Les journalistes sont alors aux aguets en attendant la conférence précédée de la lecture du communiqué final. Deux minutes plus tard, le chef de l'Etat nigérian est suivi par ses homologues Eyadéma, Tandja, Kufuor et Compaoré. Tous, sans exception, ont la mine froissée.

A 18h 15, Laurent Gbagbo sort à son tour, le sourire aux lèvres. «Bonjour les amis», lance-t-il aux journalistes en grimaçant. Contrairement aux habitudes, il n'y a pas eu de communiqué final sanctionnant la rencontre d'hier. Selon nos sources, les chefs d'Etat, contre l'attitude intransigeante de Gbagbo, ont refusé d'apposer leur signature au bas d'un document qui ne traduisait pas la réalité du blocage en Côte d'Ivoire.

Pour sa part, Gbagbo a aussi refusé de signer le projet de communiqué final qui lui a été proposé. En définitive, la formule de la déclaration de presse a été trouvée et Mohamed Ibn Chambas a résumé les trois heures de discussions en deux feuilles dactylographiées, susdivisées en six points. Il y est dit que 80 gendarmes seront bientôt déployés dans un délai de sept jours pour renforcer la sécurité des ministres du gouvernement de réconciliation nationale. L'autre décision majeure est celle du Conseil de sécurité sur l'envoi de Casques-bleus en Côte d'Ivoire en vue d'accroître les effectifs des forces de maintien de la paix, sans oublier l'appel lancé aux médias ivoiriens «de contribuer effectivement au renforcement du processus de réconciliation nationale ainsi qu'au retour de la cohésion sociale en Côte d'Ivoire». Sur la question, la plus importante du sommet, à savoir celle relative à la possibilité pour le Premier ministre de pouvoir mettre en oeuvre «le programme de travail élaboré par le gouvernement de réconciliation nationale», la déclaration de presse, de manière laconique, souligne que Gbagbo et Diarra «s'engagent à coopérer étroitement afin de permettre au gouvernement de travailler en équipe». Dans le hall du centre de conférence, que s'est-il passé pour que celui dont les journalistes attendaient la mise en veilleuse politique soit aussi heureux après trois heures de débats ? Pour le comprendre, il suffit de savoir que les enjeux du sommet d'Accra n'ont pas été atteints. Ceux qui ont écrit que les chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest ne pouvaient pas faire d'omelette sans casser les oeufs doivent se raviser. Hier, les sept Présidents qui se sont retrouvés à Accra ont buté sur l'intransigeance de leur homologue ivoirien, d'où la colère de Obasanjo qui est parti d'Accra sans même attendre que le protocole se mette en place pour l'accompagner. Bien après le départ des chefs d'Etat, Seydou Diarra et le Secrétaire exécutif de la CEDEAO, entourés de plusieurs Conseillers se sont retrouvés pour s'accorder sur la mouture de ce qui fera office de communiqué final.

 
 

Copyright © 2003 Le Patriote. Droits de reproduction et de diffusion réservés. Distribué par AllAfrica Global Media (allAfrica.com).