Le pays N°3015 du 02/12/2003
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COMMUNES BURKINABE

(Par Séni DABO)

Plaidoyer pour des NTIC plus accessibles

Depuis 7 ans, l'Association des municipalités du Burkina Faso(AMBF) organise chaque année, dans la première semaine de novembre, les Journées de la commune burkinabè (JCB). Cette année la tradition a été respectée avec toutefois un décollage dans la périodicité compte tenu du jeûne musulman lui couvrait la première semaine de novembre. C'est donc au lendemain de la fête de rupture du jeûne, le Ramadan, que les maires, les conseillers municipaux, bref les élus locaux se sont retrouvés à Dori dans le Sahel burkinabè. Là-bas, ils se sont préoccupés de l'apport des nouvelles technologies de l'information et de la communication(NTIC) au processus de décentralisation. Il s'est agi de se pencher sur les voies et moyens de mettre les NTIC à la disposition des municipalités afin qu'elles ne soient pas en marge de la société de l'information, du village global dans lequel l'information et la communication sont prépondérantes. Pour ce faire, les NTIC ont été largement expliquées aux élus locaux à travers leurs avantages et leurs multiples applications. Le programme des 7èmes JCB en dit long sur cette option.
Le premier jour, le ton a été donné en début de soirée, par le Délégué général à l'informatique, Joachim Tankoano. Il a entretenu l'auditoire de maires en majorité sur le thème "Les NTIC au Burkina Faso : état des lieux et perspectives". Le conférencier a préféré mettre l'accent sur les perspectives offertes par ces outils fort utiles aux municipalités pour leur développement. Et ce, en ce sens que le travail administratif se trouvera facilité, l'information circulera bien à l'intérieur des municipalités, entre elles et avec l'extérieur. Les questions qui ont suivi l'exposé ont permis au DELGI d'évoquer les projets en faveur des municipalités contenus dans le Plan de développement de l'infrastructure nationale de l'information et de la communication présenté auparavant.
Les conférences se sont poursuivies le deuxième jour(27 novembre) avec, coup sur coup, celles de la Direction du projet Inforoute des collectivités locales(DPICOL) sur le thème "NTIC et gestion municipale", de la Fondation Konrad Adenauer sur "La communication comme moyen d'implication des citoyens dans la vie municipale". Ces conférences ont mis en exergue, d'un côté, l'éventail de possibilités d'utilisation des NTIC pour la gestion des affaires, des dossiers des municipalités. Les exemples les plus cités en la matière sont les parcelles et l'Etat civil dont l'informatisation de la gestion est beaucoup plus avantageuse. De l'autre côté, la 2è conférence a montré des pistes aux élus locaux pour intéresser les citoyens à la gestion, à la vie municipale. Et cela par le canal de la communication qui, bien utilisée, permet d'être en phase, en communion avec les administrés.

La dernière conférence du 2è jour, dont le thème n'a pas de lien direct avec celui des JCB 2003, a porté sur les cellules d'appui à la maîtrise d'ouvrage communale(CAMOC). Elle a clos la série de conférences qui ont marqué les journées avec des activités sportives et culturelles. Il s'agit du cross populaire couru très tôt le 27 novembre dans les artères de Dori et sur la place de la mairie comme point de départ et d'arrivée. Sur la même place a eu lieu du début jusqu'à la fin des JCB une exposition d'objets artistiques de la région. A noter aussi l'excursion à la mare d'Oursi et sur les dunes de sable de la même localité au lendemain de la cérémonie de lancement des JCB 2003 par le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation(MATD), Moumouni Fabéré.
Dans son discours de lancement, le MATD a relevé que le thème vient à point nommé au moment où le monde entier vit au rythme de la globalisation. Par ce thème, a-t-il ajouté, c'est une opportunité offerte aux élus locaux pour saisir la nouvelle chance que constituent les NTIC dont le rôle incontournable dans la gestion municipale notamment n'est plus à démontrer. De ce point de vue, et selon le ministre Fabéré "les NTIC, loin d'être un luxe ou un phénomène de mode vont s'imposer à nous comme un devoir de transparence et d'obligation de modernisation de nos structures de gestion et d'administration". Dans ce contexte, il n'y a pas d'autres choix judicieux en dehors de l'adaptation, de la familiarisation avec les NTIC dont il est admis aujourd'hui qu'elles sont "un complice sûr et objectif pour une gestion transparente, efficace et audacieuse" pour tout bon manager. Le MATD a aussi relevé dans son discours les actions du gouvernement pour le développement des NTIC. Outre le 2è Plan directeur informatique national qui a donné lieu à l'exécution de projets pilotes, il a fait cas de la création de la DPICOL au sein de son département pour mettre à la disposition des collectivités locales des moyens d'acquisition, de maîtrise et d'emploi judicieux des NTIC. Et ce, au profit de la bonne gouvernance locale.

De son côté, le président de l'Association des municipalités du Burkina Faso(AMBF, 57 membres), Simon Compaoré, a salué les efforts du gouvernement pour répondre aux préoccupations des municipalités. Toutefois, des efforts doivent encore être faits surtout dans le domaine des NTIC. Pour le maire de Ouaga et président de l'AMBF de nombreuses collectivités n'ont toujours pas de téléphone, de sources d'énergies nécessaires à l'utilisation des précieux outils. C'est un handicap dont le caractère sérieux est à la base de sa consignation dans le mémorandum des communes. Ce document de 11 pages est un condensé des doléances des élus locaux sur les plans institutionnel, économique et politique. Il a été remis au ministre Fabéré par Simon Compaoré pour le chef du gouvernement burkinabè.
Le ministre des Mines, des Carrières et de l'Energie, Kader Cissé, a été le parrain des 7è JCB. Après s'être réjoui du choix de sa personne, il a lui aussi relevé, dans son discours au lancement des journées, l'actualité et la pertinence du thème qui traduit par ailleurs, selon le parrain, le souci, la préoccupation permanente de quête de prospérité et d'épanouissement des populations par l'AMBF.

Après les discours, place a été faite au défilé, au son de la musique militaire, des communes du Burkina. Les élus locaux ont profité des JCB pour apporter leur contribution au mois de la solidarité initié par le ministère de l'Action sociale et de la Solidarité nationale. La quête de 3000 FCFA par commune a rapporté 150 000 FCFA qui ont été remis au parrain pour transmission à qui de droit. Les rideaux tirés sur l'édition 2003, les regards sont maintenant tournés vers Dédougou qui abritera la 8è édition sous un thème et à une période qui seront déterminés ultérieurement.